Modules
MODULES
LE HAVRE
ATELIER PASCALE RICHTER, FRANÇOIS BRUGEL
2018-2019
JEAN LECLERCQ
La première partie de l’exercice consistait à partir d’une expérience personnelle à définir une problématique sur laquelle se baserait la production d’un logement idéal ex nihilo.
La problématique retenue fut celle de la modularité du logement au gré du mode de vie de leurs usagers et des changements sociétaux contemporains. Les logements ci-contre peuvent s’adapter aux séparations et recompositions familiales.
Dans un second temps, nous avons arpenté la ville du Havre et avions la liberté de nous implanter dans le site qui nous apparaissait le plus pertinent au regard de notre analyse urbaine.Le vide hygiéniste de la reconstruction d’après guerre apparait au Havre comme désuet, la densité manque cruellement à l’énergie urbaine. Il s’est donc agit de densifier le tissu d’Auguste Perret en surélevant de deux niveaux les immeubles de logement de l’Avenue de France, entre la surélévation et l’existant se trouve des espaces communs. Un travail sur la requalification et la programmation des sols a aussi été effectué en face de l’opération dans les triangles de vides formés par la rencontre du tissu historique du littoral et de la nouvelle ville d’après guerre.
Du plus loin qu’il me revienne, mes souvenirs m’emmène entre deux frères dans deux chambres qui n’en formaient qu’une. De l’autre coté du salon se trouvait une chambre pour nos parents.
Puis notre double chambre s’est séparée et nos parents avec. Nous vécurent alors à trois dans une chambre, et eux dans une chacun.
Mais le salon et la cuisine devinrent le théâtre de leur impossibilité à partager un toit et un avenir commun.
Un jour je réalisais qu’il ne fallait plus mettre cinq couverts sur la table et que nos deux chambres s’étaient réunies. L’un avait changé de toi, l’autre garda le toit.
Commença alors pour mes frères et moi une période de nomadisme hebdomadaire qui nous fit découvrir d’autre façons d’habiter, d’abord à quatre dans une pièce qui changea plusieurs fois d’adresse puis à six dans deux quand les grands cousins de province vinrent étudier à Paris, en passant par une colocation avec une famille que l’on dit «belle» dans une maison avec un escalier derrière la porte.
Nous avions alors une chambre chacun en moyenne, mais elles étaient soit vides, soit pleines à craquer, cela dépendait des semaines. Parfois elles devenaient bureau en notre absence ou servaient à accueillir des amis de passage.
Cette schizophrénie du chez soi a eu son lot de déménagements d’urgences, de sacs à remplir et à vider, d’affaire à perdre et à retrouver et de repères à effacer et à recréer.
Le va et vient a finit par s’installer entre deux lieux pérennes, l’originel et un nouveau, neuf, que nous avons dessiné ensemble, avec plus de chambres que de personnes qui y vivent, plusieurs entrées, cuisines et séjours. C’est dans ce dernier que nous avons fini par nous installer, il n’y a là pas d’espace pour se disputer, seulement pour s’éviter ou se retrouver.
De toutes ces expérimentations et déclinaisons de manières d’habiter je retiens la nécessité pour le logement d’une flexibilité d’usages au gré des histoires multiples que peuvent contenir les vies de ceux qui y habitent.